Dans un bateau de course, la répartition des poids est essentielle pour utiliser au mieux les caractéristiques de la carène (la partie immergée de la coque).
Exemple : si le poids est trop sur l’arrière, le bateau va « trainer de l’eau ». Cela se traduit par une espèce de vague qui « mange » le tableau arrière et empêche le bateau d’aller de l’avant. Ce n’est pas bon du tout pour la vitesse (ce qu’on recherche dans une course). Si, au contraire, le poids est trop sur l’avant, l’étrave (ou le nez du bateau si tu préfères) bourre dans la vague et le bateau ne décolle pas. Ca ne va pas aider non plus à surfer sur les vagues…
On parle alors de mauvaise assiette (l’angle que prend le bateau, dans le sens de sa longueur, avec le plan horizontal).
mauvaise assiette de la carène
bonne assiette de la carène
Ce qui est vrai pour l’assiette longitudinale l’est aussi pour l’équilibre latéral
Pour contrebalancer la gîte (= l’inclinaison transversale) provoquée par la poussée du vent dans les voiles, il faut déplacer les poids au vent (dans l’exemple ci-dessous, là où se trouve la flèche rouge). Et dans le petit temps, il faut au contraire aider le bateau à gîter, afin de diminuer la surface mouillée de la carène (et donc les frottements dus à l’eau, là où se trouve la flèche verte dans l'image suivante).
Tout cela veut dire que, dès que les conditions changent un tant soit peu, il faut tout déménager à l’intérieur du bateau pour bien répartir les poids embarqués. Et sur un IMOCA, ça fait vite plusieurs centaines de kilos !
Heureusement, tout est bien conçu pour ces opérations de « matossage ». La circulation dans le bateau est optimisée et les endroits pour stocker chaque chose à la bonne place ont été pensés dès la construction du bateau.
Comme il faut TOUT bouger, les voiles, la nourriture, le matériel de rechange, les affaires des skippers, les outils, etc., il y a intérêt à ce que chaque objet eu été conditionné dans ce but.
Exemple : les sacs à voiles sont conçus pour cela, avec plein de poignées dessus pour pouvoir les saisir facilement. En plus ces sacs sont très solides, ce qui permet de les « balancer » sans trop de ménagement, en sachant que le contenu est préservé et bien au sec.
Massotage au Cap Finistère
Cette tâche de matossage, quasi incessante tellement les conditions sont variables, est assez aisée lorsque le pilote automatique – « Chewbacca » pour les intimes de Groupe Sétin – fonctionne bien. A deux, l’union fait la force, et cela va assez vite. Par contre lorsque l’un des deux skippers est scotché à la barre afin que le bateau soit mené à son maximum, l’autre se coltine le déménagement tout seul et là, ce n’est pas la même histoire…
Autre détail qu’il est utile de rappeler : un bateau ça bouge ! Donc pas facile de porter des trucs lourds et encombrants lorsque l’on n’a pas de bons appuis.
Voilà, vous savez à quoi s’amusent Manu et Alexia pendant une bonne partie de leur journée 😉